Eric Ballot, professeur et chercheur à l’université Mines - ParisTech – PSL nous explique dans cette interview  le rôle crucial de la chaîne logistique comme moteur de l’économie sur fond de pandémie.

 

Comment faudrait-il envisager la contribution des chaînes d’approvisionnement à l’économie moderne ?

« La chaîne logistique est le moteur silencieux qui alimente l’économie moderne. Elle gagne de l’ampleur, en taille et en importance. Les volumes de marchandises qui nous sont livrées augmentent considérablement via le commerce en ligne, qui nous rapproche de ces biens. Nous passons donc d’un système de distribution de masse à une fragmentation des flux, ce qui entraîne une multiplication des opérations logistiques et des livraisons. La tendance n’est pas tout à fait nouvelle. En France, le poids moyen d’une expédition était de 160 kg en 1998; en 2004, il avait chuté à 30 kg, et ne représente plus que 4 à 5 kg aujourd’hui. »

 

Quelles sont les implications pour le secteur? 

« Plus d’expéditions, ce sont plus de camions et de véhicules utilitaires sur les routes, avec toutes les conséquences extérieures que cela implique en matière de développement durable et d’encombrement des routes. Ces enjeux – hausse de la demande, impacts environnementaux, restrictions imposées par les villes – font évoluer les réseaux d’approvisionnement et l’industrie tout entière. Pour relever ces défis, les entreprises logistiques devront être agiles, réactives et innovantes.

« L’informatique jouera un rôle crucial; elle fournira les outils et les platesformes nécessaires aux entreprises pour mettre en commun leurs capacités et répondre aux besoins de dynamisme et d’efficacité du marché – tout en répondant aux attentes des parties prenantes. »

 

Pourriez-vous donner un exemple de changement à entreprendre ? 

« Nous devons trouver de nouveaux moyens de consolider les flux, pour réduire l’impact environnemental de la fragmentation des flux vers le consommateur. Il est infiniment plus efficace et écologique de transporter de grands volumes par cargo et par train, plutôt que de transporter 4 à 5 kg de marchandises pour une seule commande dans un véhicule pesant 1 tonne. »

 

Quelles sont les leçons à retenir de la pandémie ?

« Si nous avons tous dû faire une croix sur nos voyages, il est impossible de freiner le mouvement des marchandises. La crise a souligné la résilience de la chaîne d’approvisionnement, qui a su affronter les challenges, mais en payant le prix fort. Elle a également mis le doigt sur notre degré d’interdépendance mondiale et sur nos failles, comme nous l’avons vu au début, avec les pénuries de masques et de médicaments. Au niveau des pays, il a fallu repenser l’importance stratégique de la chaîne d’approvisionnement à l’échelle nationale, tout en la consolidant de manière pérenne. Il est évident que le secteur continuera à observer des changements rapides et significatifs »


 


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Lisez davantage de témoignages et d’interviews sur la vision sociale et environnementale d’un acteur majeur de la supply chain, dans notre rapport RSE 2020:

CSR report

 

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