2024.04.12
Distribution de médicaments en zone sensible : défis et solutions
Comment assurer la livraison en temps et en heure et à la bonne température?
En mars 2021, le porte-container Even Given se retrouvait bloqué dans le Canal de Suez, un point de passage clé qui relie l’Asie et l’Europe. Une seule semaine aura suffi à bouleverser le commerce international, et pour cause : on estime qu’environ 10% des transactions commerciales maritimes mondiales passent habituellement par cet étroit canal. 422 navires et 26 millions de tonnes de marchandises restèrent à l’arrêt suite à cet incident.
L’impact fut tel que certains pays demandèrent au propriétaire du navire des sommes atteignant presque le milliard de dollars. L’Egypte, par exemple, estimait alors ses pertes entre 12 et 15 millions de dollars par jour. Et d’après l’assureur Allianz, les pertes totales auraient été de 6 à 10 milliards de dollars au niveau mondial.
Même si un blocage d’une telle ampleur reste heureusement rare, les acteurs de la chaîne d’approvisionnement sont de plus en plus amenés à s’adapter rapidement à des événements de ce type. Depuis quelques mois, le Canal de Suez a notamment été identifié comme une zone particulièrement sensible, du fait du conflit israélo-palestinien et des attaques terroristes en Mer Rouge. Il est donc impératif de trouver des solutions alternatives de transport afin de garantir la continuité de l'acheminement des marchandises face à de telles perturbations.
Alexis Martinez, Corporate Customer Success Manager Santé chez GEODIS, a fait face à cette situation il y a quelques mois. Les équipes GEODIS, en relation directe avec leur client du secteur pharmaceutique, ont dû réagir rapidement et trouver des solutions permettant d'acheminer en toute sécurité la cargaison de produits sensibles. Il était essentiel d'intégrer les enjeux critiques tels que les délais de livraison, l'intégrité et le maintien de la température de ces produits pharmaceutiques. Alexis nous partage son retour d'expérience et les leçons tirées de cet événement.
Pouvez-vous nous décrire la situation rencontrée et les problématiques soulevées par votre client à ce moment-là
Alexis Martinez : Notre client, l’un des leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique, devait livrer des médicaments depuis le nord de l’Europe à destination de l’Arabie Saoudite, avec une contrainte de temps de deux semaines pour prendre en charge les produits et les livrer.
Une contrainte de temps incompressible, du fait de la durée de vie du produit et des conditions règlementaires locales. Le pays destinataire peut en effet refuser les produits si les délais de livraison ne sont pas respectés.
Mais le navire, censé initialement passer par le Canal de Suez, a dû être dévié de sa route à cause de la situation en Mer Rouge et des risques inhérents.
Le deuxième critère important a été la taille conséquente de la cargaison : il y avait au total 4 conteneurs réfrigérés à acheminer représentant un total de 140 palettes. Enfin, il fallait également éviter toute excursion de température et maintenir une température contrôlée entre 15 et 25 degrés pour garantir l’intégrité des produits.
Considérant ces différents aspects, la décision fut prise d’expédier l’ensemble de la cargaison par voie aérienne à destination de l’Arabie Saoudite, au départ du Sri Lanka où le bateau avait été dérouté.
Pourquoi ne pas avoir opté pour un trajet alternatif par la mer ?
A.M. : Un nouvel itinéraire par voie maritime nous aurait amené à un délai supplémentaire de 2 à 3 semaines, ne nous permettant donc pas de respecter le délai de livraison initialement fixé.
Le choix s'est donc naturellement dirigé vers une expédition aérienne. Nos experts ont rapidement pu trouver une compagnie capable de transporter les 140 palettes en température contrôlée, garantissant ainsi l’intégrité des produits ; un partenaire aérien particulièrement adapté à ce besoin puisque certifié IATA-CEIV.
Quel protocole avez-vous mis en place pour assurer le maintien de la bonne température ?
A.M. : Afin d’assurer un contrôle strict de la température, nous avons suivi le protocole qui consiste à placer sur chaque palette un enregistreur de données (data logger) capable de détecter toute excursion de température – en cas d’excursion, une alarme se déclenche dans le système. Le client final peut s’y référer pour s’assurer de la traçabilité de ses produits. Nous avons donc envoyé en urgence 150 “data loggers” depuis la Suède, et mobilisé notre agent local pour les mettre en place rapidement et en toute sécurité.
Enfin, nos équipes ont recouvert les palettes aériennes (PMC*) de couvertures thermiques, du terminal jusqu’au chargement de l’avion.
*Prorate Manual – Cargo
Quelles qualités, selon vous, sont essentielles pour réussir cette mission ?
A.M. : L’expertise de notre réseau local a joué un rôle essentiel en permettant de trouver rapidement les capacités de transport les plus adaptées. D’autre part, je suis resté le point de contact unique du client lors de cette mission, soutenu par notre expert pharmaceutique, Anders-Petter PETTERSSON, basé en Suède.
Cela a permis une fluidité des échanges, une rapidité d'exécution et a garanti la préservation des informations.
Si la flexibilité est une qualité essentielle en matière de logistique, il faut aussi la coupler avec une connaissance pointue des réglementations et de la conformité sur le contrôle des exportations et du commerce. C’est en combinant ces atouts et pratiques en matière de respect des normes que tous les médicaments ont pu être livrés à temps et dans de bonnes conditions.
Pour conclure, le retour de notre client a été positif : aucun impact n’a été recensé sur les stocks et donc sur les patients.
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