24/06/2022
Blockchain : la logistique innove dans le transport des vaccins
Découvrez comment la blockchain a boosté la traçabilité et la réactivité dans le transport des vaccins
La pandémie de COVID-19 a révélé l’importance d’une chaîne d’approvisionnement efficace et performante. Distribution des masques et de gel antibactérien, approvisionnement des magasins et des centres de santé, campagne vaccinale ont fortement mobilisé les autorités publiques et les professionnels du secteur à travers la mise en place d’une logistique d’urgence adaptées aux nouvelles contraintes.
En particulier, la campagne de vaccination contre la COVID-19, qui a débuté le 27 décembre 2020, a constitué un défi inédit sur le plan logistique, avec une nette accélération dès le premier semestre de 2021 et l’ouverture à l’ensemble de la population.
L’urgence d’accélérer les livraisons des lots de vaccins, et les contraintes particulières des vaccins de type ARN messager (Pfizer, Moderna) qui doivent être stockés à des températures contrôlées et nécessitent un transport adapté, ont fait appel aux capacités d’innovation des logisticiens.
Ces derniers ont développé, notamment grâce à la blockchain (un système permettant de stocker et transmettre des données de façon sécurisée), de nouvelles solutions de transport qui ouvrent une ère nouvelle pour le transport de produits de santé.
Logistique vaccinale : l’acheminement complexe des doses
Si les vaccins contre la COVID-19 ne sont évidemment pas les premiers à être distribués à cette échelle, cette campagne s’est révélée inédite sur bien des aspects.
Le premier est évidemment l’urgence de la situation. Alors que le nombre de cas et d’hospitalisations grimpait de semaines en semaines, et que les confinements fragilisaient la société et l’économie, une véritable course contre la montre a été enclenchée. En quelques mois seulement, il a fallu déterminer des schémas logistiques adaptés. Or ceux-ci étaient d’autant plus complexes que, comme nous l’avons évoqué précédemment, les vaccins à ARN messager s’accompagnent d’exigences spécifiques de températures.
En règle générale, les logisticiens sont habitués à garantir un acheminement à température contrôlée, située entre 2 et 8°. Mais les molécules contenues dans les doses produites par Pfizer sont fragiles, et doivent être maintenues à une température de -70° (ceux de Moderna doivent être transportés à -20°).
Des emballages spécifiques ont dû être conçus, et des quantités importantes de glace sèche ont été produites.
Les recommandations des autorités sanitaires, fixant à cinq jours le délai entre la sortie des vaccins des entrepôts et leur injection, devaient être respectées. Une mise en conformité rapide était essentielle.
En raison de l’écart entre l’offre et la demande, les spécialistes ont dû ensuite travailler dans une logique de flux tendu - plus complexe à gérer -, et composer avec le ralentissement général des transports.
La pandémie a également eu un fort impact sur le transport aérien, maritime et routier. En temps normal, les avions passagers permettent de transporter près de la moitié du trafic de fret mondial aérien. Ce trafic a été fortement ralenti en début de pandémie, et l’est ensuite resté, dans une moindre mesure. Quant au transport maritime, il a été pour le moins délicat à gérer en raison des exigences spécifiques des vaccins ARN messagers : un conteneur adapté peut descendre jusqu’à près de -30° : suffisant pour les doses de Moderna, mais pas celles de Pfizer. Il fallait de plus prendre en compte le délai de cinq jours… Enfin, le transport routier, indispensable pour acheminer les produits à la population, a dû également prendre en compte les contraintes de temps, de température, mais aussi de sécurité. Les chargements valant plusieurs millions d’euros, des convois “dignes d’un film de James Bond” ont dû être mis en place.
Les enjeux de santé, sociaux mais aussi politiques ont été majeurs. Les citoyens ont souhaité obtenir le plus vite possible des vaccins, alors que toute une organisation logistique était à repenser. Face à ces attentes, il a fallu rivaliser d’inventivité, et développer des innovations concrètes.
L’innovation et la blockchain pour garantir le meilleur approvisionnement possible
La nécessité de faire appel à une expertise logistique s’est vite imposée, notamment en matière de contrôle du froid et de traçabilité de produits.
En concertation avec les autorités sanitaires, ces spécialistes se sont penchés sur la meilleure façon de respecter les délais courts imposés et fluidifier les processus.
Pour y parvenir, certains ont eu recours à la blockchain, une technologie de stockage et de transmission d’informations qui fonctionne sans organe central et donc garantit d’importants niveaux de sécurité et de transparence.
C’est le cas du groupe GEODIS, qui a assuré la logistique entre ses entrepôts de Val de Reuil et 45 centres de distribution répartis sur l’ensemble du territoire français.
Durant le transport, les températures étaient enregistrées de bout en bout et les données, remontées de façon manuelle aux pharmaciens chargés de les certifier, et de donner l’autorisation pour la livraison finale des vaccins.
Le procédé prenait jusqu’à un jour ouvrable, avec un taux de réponse positive de près de 99%.
Grâce à une solution blockchain proposée par IBM, un test a été effectué pour automatiser la récupération des données. Sauf détection d’une situation sensible (auquel cas le contrôle des pharmaciens était requis), cette solution a permis d’obtenir des validations automatiques en fournissant des données certifiées, fiables et non altérées.
Les équipes GEODIS ont pu ainsi gagner 12 heures, et accélérer la distribution des vaccins. Cette innovation a aussi eu pour effet de limiter les quantités de vaccins jetées pour cause de logistique ou suivi des doses faillis. Le déploiement de la solution, dont la démonstration a été faite auprès de l’Etat et des autorités sanitaires en juillet 2021, n’est pas encore complet. Il a cependant fait ses preuves et prouvé l’intérêt de la blockchain dans la logistique… et de l’innovation en général.
L’innovation au cœur des défis logistiques à venir pour le secteur de la santé
Le secteur de la santé connaît une transformation globale, qui ne se limite pas aux derniers vaccins produits sur le marché et à la pandémie. La mondialisation, les crises successives ainsi que la concentration des acteurs, ont rendu les supply chain de plus en plus complexes. Les exigences sont quant à elles toujours plus fortes, au niveau local et au niveau régional.
Pour les acteurs du secteur, c’est toute la stratégie d’externalisation logistique qui est à redéfinir et rationaliser à l’aune de ces bouleversements. Il faut optimiser les plans de transport, et compter avec la numérisation des outils.
Dans le digital, environnement concurrentiel et en pleine mutation, de nouveaux acteurs ont vu le jour. Ils cherchent à rendre la chaîne logistique plus réactive et efficace malgré les éventuelles perturbations. On l’a vu, la blockchain peut augmenter le niveau de traçabilité.
Les solutions dites “tour de contrôle” y contribuent également. Il s’agit de technologies qui permettent aux clients d’avoir une visibilité complète des stocks, tout au long de la chaîne. On peut aisément visualiser et consulter les informations logistiques, et réagir rapidement au moindre grain de sable dans la machine comme un défaut sur les températures par exemple.
Le projet innovant de GEODIS et IBM autour de la blockchain a été récompensé en interne par deux trophées. En conséquence, une nouvelle offre pérenne sera lancée à destination de l’industrie pharmaceutique, afin qu’elle puisse bénéficier plus globalement des atouts de cette solution innovante.