2023.02.13
How are innovation and digital responding to supply chain disruptions?
The ability to innovate is key in the ultra-competitive world of logistics.
L’arrivée de nouveaux acteurs, l’évolution des attentes des consommateurs ou la pandémie… Nombreux sont les facteurs qui ont secoué le secteur de la logistique durant ces derniers mois.
Pour rester compétitif et proposer de meilleurs services, plus efficients et plus écologiques aussi, le recours au numérique s’est imposé comme l’une des solutions à privilégier. Cela passe par l’analyse de données, la blockchain ou encore la création de langages communs : des innovations digitales, qui révolutionnent la supply chain tout en répondant à ses bouleversements.
Quelles nouvelles dynamiques sur le marché de la logistique?
Pour bien saisir l’intérêt et les enjeux d’une transformation numérique, il faut d’abord prendre le temps de dresser un rapide état des lieux car le secteur de la logistique a été profondément bouleversé ces dernières années.
De nouveaux acteurs innovants qui concurrencent les piliers du secteur
Les acteurs de cet écosystème ne sont plus nécessairement les mêmes qu'auparavant. Bien sûr, les entreprises historiques, qui utilisent les technologies depuis plus de 40 ans, sont toujours en place. Mais elles doivent désormais faire face à une nouvelle concurrence, celle des carriers par exemple, qui jouent sur leur profitabilité accrue pour se déplacer vers le statut de 3PL (logistique de tierce partie), ou encore , celle des “digital native”.
Dès 2015, de jeunes entreprises se sont lancées sur le marché, principalement autour de la livraison du dernier kilomètre. Elles ont ensuite diversifié leurs activités. Dès 2018, alors qu’on les pensait désintéressées des actifs physiques (qui représentent de nouvelles contraintes, pour souvent une profitabilité moindre), elles ont commencé à investir dans ces assets, grâce à des levées de fonds colossales. Avions, terminaux : ces nouveaux entrants ont compris que pour réussir, il leur faudrait mélanger digital et physique, et créer des flux jumeaux. Ils ont également créé des niches intéressantes comme les plateformes de visibilité, sur laquelle nous reviendrons plus tard.
Au départ, personne ne les prenait réellement pour des compétiteurs sérieux. Mais force est de constater que ces marques, quelle que soit leur profitabilité réelle sont devenues capables d’embrasser la complexité logistique…
A ceci, se sont ajoutées certaines entreprises-clientes soucieuses de devenir à leur tour des compétiteurs de la logistique. L’exemple le plus évocateur est bien sûr celui d’Amazon, qui aujourd’hui travaille de pair avec tous les acteurs, mais pourrait bien un jour les remplacer, ou du moins, copier leurs modèles. Walmart, le géant de la distribution, rattrape son retard digital en proposant dorénavant de nouveaux services, numériques, physiques et humains, à ses propres clients ou partenaires.
Chacun devra s’inspirer et apprendre des autres. La conception d’une logistique hermétique aux concurrents n’est plus d’actualité, dans un marché de réseau, dynamique et atomisé. Pour les clients, c’est grâce à des partenariats que le monde de la logistique restera innovant et performant.
Du côté des destinataires, et surtout des particuliers, les attentes ont par ailleurs changé.
Répondre aux nouvelles attentes : plus d’efficience écologique et sociétale
Chez les plus jeunes – notamment -, l’on ressent une forme d’agacement général vis-à-vis d’une logistique inflexible, qui leur est imposée. Ils voudraient pouvoir dire “Je vis dans une grande ville, je veux être livré par un vélo cargo électrique”, ou “et si le camion n’est pas suffisamment plein, alors je préfère être livré dans deux jours en attendant qu’il le soit”. En somme, bénéficier d’une livraison sur-mesure soucieuse de son empreinte carbone et intégrant une dimension sociétale.
Ainsi, ces nouvelles générations souhaitent s’assurer que les livreurs bénéficient bien de contrats de travail en règle, qu’ils disposent d’une couverture sociale, et globalement qu’ils soient bien rémunérés…
En d’autres termes, la supply chain est devenue une boucle, dans laquelle chacun ne peut plus se cantonner à sa place d’autrefois. Les acteurs habituels ont pris une place différente, d’autres telles que les « autorités organisatrices » s’y insère et les citoyens consommateurs également. Ils veulent pouvoir peser sur les décisions prises à certaines étapes de la chaîne.
Avec la pandémie, une prise de conscience globale
Depuis les débuts de la crise du Covid, chacun a aussi pris conscience que lorsque l’essentiel est en jeu, c’est la logistique qui est au cœur.
Lire aussi : Blockchain : la logistique innove dans le transport des vaccins
Si un acteur majeur du numérique devenait le propriétaire du jumeau numérique de la logistique mondiale, comme le prédisent certains professionnels, on est en droit de se poser certaines questions : les masques n’auraient-ils pas été livrés au plus offrant?, L’organisation de ponts aériens dédiés aurait-elle été possible ? Aurait-on obtenu les vaccins alors que la situation mondiale était critique ?
De toute évidence, le sujet de la souveraineté est devenu inévitable car la logistique s’est imposée comme stratégique...
L’ensemble de ces évolutions et bouleversements ont entraîné des innovations sans précédent, qui révolutionnent la logistique, tout en répondant aux nouvelles attentes.
Data, blockchain ou standards communs : comment l’innovation bouleverse le monde de la logistique ?
Innover est devenu indispensable dans cet univers ultra-compétitif, où les attentes et exigences de tous les acteurs évoluent sans cesse.
L’information et la data sont devenues des valeurs à part entière
Bien qu’on en parle depuis longtemps, la data qui est un moyen d’optimisation essentiel pour gagner en efficience (traçabilité de la marchandise, anticipation…), est concrètement utilisable depuis peu de temps dans ce secteur complexe – multi-modal et multi-partenaires - qu’est la logistique.
C’est une évidence aujourd’hui : le carburant de la grande machine de la logistique, c’est la data. Celle-ci a ouvert de nouvelles niches intéressantes, comme celle des plateformes de visibilité avec des acteurs comme Shippeo, Project44 ou encore Wakeo.
Ces plateformes - aussi appelées RTTVP pour Real Time Transportation Visiblity Platforms - permettent de gérer les perturbations du transport, de suivre et d’anticiper les ETA (Estimated Time of Arrival) et de réagir plus rapidement en cas d’imprévu. Certaines commencent déjà à offrir une traçabilité de bout en bout de la supply chain.
Comme l’explique Shippeo, la promesse est “d’utiliser l’automatisation et l’intelligence artificielle pour fournir des informations en temps réel, permettre une meilleure collaboration et libérer le plein potentiel de votre supply chain”
Pour cela, l’entreprise suit par exemple plus de 28 millions de flux par an, et plus de 151 000 transporteurs, répartis dans 75 pays.
Avec une telle base de données, elle parvient à fournir à ses clients des informations prédictives en temps réel, pour chaque livraison.
La formule semble séduire. En 2021, la startup française Wakeo a ainsi levé 9,5 millions d’euros auprès de deux investisseurs, après avoir réuni 2 millions au démarrage. Ses revenus annuels ont, quant à eux, augmenté de… 300% en 2020.
Ce type d’acteurs s’est même quelquefois imposé entre les logisticiens et leurs clients, comme un intermédiaire. Ils sont en effet neutres, objectifs, et à l’abri des soupçons de conflits d’intérêt.
La data permet aussi de développer des outils de benchmarking afin d’évaluer en temps réel le prix du fret ou des transports en général. La startup Upply en est un parfait exemple en offrant, entre autres, à ses clients la possibilité d’adapter leur pricing en permanence en fonction de l’évolution du marché.
Exploiter la blockchain pour repenser la livraison ?
La blockchain est également un outil vers lequel le marché se tourne. Concrètement, il s’agit d’une « base de données », répartie et inviolable, dans laquelle est répertorié tout l’historique de transactions entre différents utilisateurs.
Elle peut servir à apporter une preuve légale aux événements. Prenons l’exemple d’une livraison. Lorsque le client reçoit son colis, il lui est demandé une signature, sur un smartphone ou un terminal mobile dédié. Cette "proof of delivery" est transmise à l’entreprise de façon numérique, et notariée. Elle devient une preuve définitive, que le chargement a bien été livré. Les paiements peuvent alors être déclenchés et la transaction conclue, sans avoir à passer par d’autres étapes.
La blockchain permet également d’adresser le sujet de la responsabilité : lorsque la marchandise passe de main en main, on peut savoir à chaque étape où elle se trouve, et qui en est responsable. En termes d’assurances, toute la supply chain est ainsi cadencée par des processus clairs et précis.
Pourrait-on imaginer aller plus loin ?Imaginons par exemple qu’un chauffeur doive livrer une cargaison de boissons à un restaurant, mais son propriétaire est absent à l’heure prévue, et injoignable. Ne serait-il pas possible qu’il puisse, d’un clic, actionner un système d’enchères à destination des autres restaurateurs du coin, pour leur fournir la marchandise ? Les intéressés bénéficieraient d’une réduction, car les livrer serait finalement moins cher que d’effectuer un retour complet…
Et demain : vers la création de standards communs ?
Dans le marché de la logistique, qui ne représente pas moins de 6000 milliards de dollars, rares sont les acteurs à détenir plus de 1% des parts. La logistique est un marché de réseau. Ceux qui souhaitent accompagner leurs clients de façon complète ne peuvent plus faire l’économie de partenariats dans ce contexte d’entreprise étendue... Et le digital est là aussi un levier d’importance.
Chez GEODIS, nous ne voulons pas seulement que la data serve une approche supply chain mais qu’elle permette de passer de la supply chain au « supply ecosystem ».
Pour autant, standardiser la supply chain n’est pas une mince affaire. Jusqu’à présent, chacun travaillait avec sa propre organisation, son propre langage et ses habitudes. Les technologies d’autrefois permettaient d’informatiser ces flux, réguliers et récurrents. Cependant, au moindre changement d’organisation, elles requièrent des adaptations lourdes. Elles ne savaient pas gérer des questionnements plus précis. Par exemple : si un camion est à moitié plein, et qu’un autre transporteur passe par là et a de la place : ne vaut-il pas mieux faire équipe ?
Pour bifurquer vers une logique de multi sous-traitance, avec des modes de transports différents, pour passer d’une supply chain à un supply ecosystem, il faut nécessairement parler un langage communqui jusqu’à présent, n’existe pas.
Certains acteurs ont certes fait des tentatives. Mais bien souvent, elles se résumaient à leurs propres profits, et servaient pour eux à juste mieux contrôler la chaîne en imposant leur langage.
GEODIS de son côté, privilégie l’émergence d’une logique commune, au sein d’un espace data partagéNous nous penchons sur un glossaire, à la fois langage commun et motorisation d’échanges numériques entre les différents acteurs. Notre objectif est de mettre ces outils à disposition de tous, gratuitement, et de créer un écosystème digital intégratif qui ne soit plus composé d’ensembles statistiquement assemblées, mais d’ensembles combinés de façon dynamique, en temps réel, en fonction des besoins et incidents.
Vous l’aurez compris, l’innovation est aujourd’hui au cœur des évolutions de la logistique.
Chaque acteur peut devenir artisan du changement et se construire un périmètre digital suffisamment solide et complet pour faire face aux nouveaux enjeux qui se posent – en premier lieu, empreinte sociétale différente, notamment au niveau de l’environnement. Il y va de son attractivité… et de sa survie.